Avant de rentrer dans le vif sujet, essayons de définir ce qu’est la parentalité positive.
Je suis sûre qu’après avoir lu « parentalité positive », les associations des idées et d’images vous viennent à l’esprit. Votre cerveau commence à relier toutes vos connaissances à ce sujet, qu’elles soient justes ou non. Ses connaissances, en sommes avec vos valeurs, vont donner naissance aux représentations et aux opinions sur la parentalité positive.
Bien entendu, dans notre société, être « mauvais parent » n’est pas valorisant. Si je vous demande « êtes-vous un parent positif ou un parent négatif ? » vous allez directement ressentir une pression sociale… Et pourtant, la « parentalité négative » a bien existé, pas comme on l’imagine, et même a été valorisé.
Le terme « parentalité » n’existait pas avant 1960, et n’a pas été utilisé dans les journaux ou les magazines avant 1980. Initialement, il a été employé par Racammier (psychanalyste) pour parler des changements psychiques chez les femmes à la suite de l’accouchement.
Pourquoi ? Parce que l’enfant et son bien-être n’ont pas toujours été le centre d’intérêt ni des parents ni de la société. Dans l’Antiquité, l’enfant a été considéré comme un objet, au Moyen Âge comme un petit adulte, au 17ème siècle comme un être maléfique porteur de péchés. Au 18ème siècle, J.J. Rousseau explique que pour un bon développement de l’enfant, l’intervention des adultes doit être minime. En effet, selon lui, « l’éducation négative » laisse la nature agir. Autrement dit, l’enfant apprend en interaction avec son environnement, là où la présence des adultes freine cet apprentissage.
A partir du 19ème siècle, et à la suite des travaux en psychologie, l’État commence à s’intéresser à l’enfant : des lois protègent les enfants au travail, la scolarisation devient obligatoire, l’apparition des jeux et des modes d’apprentissage (l’enfant n’est pas un adulte) apparaissent. Après la Première Guerre Mondiale, beaucoup d’enfants deviennent orphelins, par suite de quoi le comité de protection de l’enfance a été créé.
Dans les années 40, les travaux sur les pratiques éducatives voient le jour. Ces théories se concentrent sur l’impact du lien affectif et le style parental sur le développement de l’enfant. Après la Deuxième Guerre Mondiale, au vu du nombre d’orphelins, ces travaux s’élargissent sur la relation enfant-adulte et l’impact de celle-ci sur le bien-être et le développement de l’enfant.
Dans les années 50, l’UNICEF voit le jour ; puis la Déclaration des Droits de l’Enfant qui devient en 1989 la Déclaration Internationale des Droits de l’Enfant. A partir de ce moment, le développement social et intellectuel, la santé et la qualité de vie des enfants sont au centre de la préoccupation de l’État. Le gouvernement commence à financer l’éducation (crèches, collèges, lycées), la santé (centre médico-sociaux), etc. Mais aussi l’Aide Sociale à l’Enfance qui est chargée de prendre des mesures contre les parents en cas de non-respect des droits de l’enfant.
A la fin du 20ème siècle, les parents sont de plus en plus sensibilisés sur l’importance des relations d’attachement, de l’écoute et de la satisfaction des besoins, de la disponibilité. Le terme de « bon parent » est utilisé pour parler d’un parent bienveillant qui agit dans l’intérêt de l’enfant. Au début des années 2000, le terme « parentalité positive » est évoqué par le Comité pour la Cohésion Sociale qui parle d’un idéal et non d’une méthode.
Bon ok, jusqu’ici tout va bien : tous ces changements du regard sur l’enfant sont géniaux. Alors, qu’est ce qui ne va pas ? Le plus gros problème, c’est la manipulation des données scientifiques à des fins marketing. On nous vend des recettes magiques qui ne fonctionnent pas ou des explications qui n’ont aucune preuve.
Oui, il existe des modèles théoriques autour de l’attachement, des besoins de l’enfant, des styles éducatifs mais il n’existe pas d’études sur la parentalité positive. Parce que la « parentalité positive » n’est pas un concept scientifique ; il n’y a pas de définition ni de modèle théorique derrière. Mais vous allez me dire « la neuroscience a prouvé » et je vais vous répondre « Jacques a dit » … La plupart des études citées dans les livres n’ont aucun rapport avec ce qui est décrit. Vérifiez par vous-mêmes !
Les recherches en psychologie, en science de l’éducation, en pédagogie définissent les comportements jugés « bons » pour la santé et le développement de l’enfant. Mais, d’une part, ces données et leurs lectures ne sont pas toujours faciles d’accès. D’autre part, les résultats scientifiques ne sont pas une vérité absolue, mais sont des repères. En effet, être humain est tellement complexe qu’un comportement peut être expliqué simultanément par plusieurs facteurs.
On nous vend des livres, ateliers sur la « parentalité positive » et autres sans preuve scientifique et alors ? Il n’y a rien de mal à vouloir du bien pour son enfant. C’est justement sur ce sentiment que le marketing joue, car personne ne souhaite être un mauvais parent donc beaucoup cherchent cette méthode magique. Mais à vouloir trop et bien faire on s’oublie et on s’épuise : refoulement de ses propres émotions, du perfectionnisme, de la pression sociale, de la culpabilisation, de l’infantilisation, du burn-out parental, etc.
On ne peut pas être bienveillant avec l’autre tant qu’on ne prend pas soin de soi. En pensant trop au bien-être de son enfant, on peut s’oublier soi-même ; en pensent trop à soi, on peut oublier le bien-être de son enfant. Il ne s’agit pas d’être dans la « parentalité positive » à tout prix. Mais d’accepter que la parentalité dans sa globalité ne soit pas linéaire, ni binaire. La perfection n’existe pas, la parentalité est un apprentissage. Il n’existe pas de solution unique, vous avez le droit de « bricoler » afin de trouver votre équilibre familial.
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